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Lancé en 2006, Buzzfeed est devenu, ces dernières années, un site très pratique pour se faire une idée sur ce qui fait frémir la culture web. Jusqu’ici, pour se tenir au courant d’une manière à peu près exhaustive, il fallait passer par les plateformes au contenu créé et hiérarchisé par les internautes...
Même si le second reste aujourd’hui une référence, il faut presque passer sa vie dessus pour arriver à suivre la folie communautaire qui anime cette «page d’accueil d’Internet» (et on ne parle même pas du puits sans fond que constituent les sous-sections spécialisées, les subreddits). Buzzfeed, à l’inverse, propose un contenu très éditorialisé (même s’il est assisté par un algorithme qui analyse les tendances en temps réel). C’est beaucoup plus formaté (on y trouve aussi du people, du sport et diverses futilités) et donc plus consommable. Une version en français est prévue pour le 4 novembre.
Mais du contenu éditorialisé coûte cher. A créer, bien sûr, mais aussi à traduire. Car malgré toute la bonne volonté des logiciels de traduction automatisée, c’est loin d’être lisible. Buzzfeed fait donc appel à Duolingo qui propose des tarifs défiant toute concurrence, et pour cause : les traductions sont réalisées gratuitement par des internautes sous la forme d’exercices pour des cours de langues en ligne. Le résultat est loin d’être pro, mais il reste assez convaincant.
Luis von Ahn, à l’origine de Duolingo, n’en est pas à son coup d’essai puisqu’il est aussi à l’origine de reCAPTCHA, qui fournit un système de sécurité en demandant aux internautes de reconnaître des caractères de livres anciens à numériser. Du travail gratuit (qu’on appelle «crowdsourcing» quand on est poli) déguisé en service gratuit, c’est le modèle imparable de l’économie numérique. Et si Duolingo s’inscrit si parfaitement dans cet écosystème, c’est que son potentiel financier n’est pas dépendant de son - petit - nombre de salariés (c’est pénible, un salarié, il lui faut un salaire). Ce sont les 10 millions de membres revendiqués qui vont rapporter (CNN est aussi un client) et surtout valoriser l’entreprise pour qu’elle se revende très cher à Google, Yahoo, Facebook, Apple, Amazon, Microsoft (rayer les mentions inutiles). Un air de déjà-vu.